Participants :
Yves, Séb, PeF, Axel, Julien et Bérengère
Depuis plusieurs années, Rémy Limagne, du CDS39, organise un camp estival sur le Berger. Avec une mission : dépolluer le gouffre mythique.
Car oui :
- le Gouffre Berger est un gouffre mythique : il s’agit du premier -1000 exploré, en 1956, au terme d’une aventure humaine hors norme (plusieurs semaines d’explo souterraine pour plusieurs dizaines d’explorateurs),
- le Gouffre Berger est également pollué, par 60 ans d’explo, de classique, de surfréquentation, de secours et de vieilles habitudes tenaces.
L’organisation est lancée en janvier.
L’objectif : atteindre le fond du Berger et bien entendu, participer à la dépollution en remontant des déchets.
Une équipe du SCV se forme rapidement (voir en haut). Yves coordonne le tout et valide l’inscription auprès de Rémy.
Mais le Berger se mérite, et aucun de nous n’a encore atteint de telles profondeurs… Un programme d’entraînement se mets alors en place, alternant sorties longues et profondes. Ainsi, nous avons usé nos combis (n’est-ce pas Séb?) au Souffleur dans le Vaucluse, aux Fleurs Blanches et au Candy dans le Vercors ou encore dans la Dent de Crolles pour une mémorable double-traversée.
Samedi 11 Août
On est (quasiment) prêt ! Départ vers Méaudre, avec un arrêt ravitaillement à St Egrève. Yves, Séb, Axel, PeF et Bérengère s’installent au camping des Buissonets, où est basé le Camp Berger 2018.
Mais les doutes persistent :
-> la météo tiendra-t-elle? Les orages sont annoncés à partir de lundi. Il sera donc impératif de rentrer sous terre dimanche matin, tôt, pour sortir lundi matin, tôt.
-> mais Julien ne peut arriver que dimanche en milieu de matinée… Est-ce que ce sera suffisant?
-> enfin Bérengère aura-t-elle la forme pour cet objectif? Avouons que nous sommes plusieurs à avoir un avis sur la question … mais la motiv’ est bien présente !
Au final, Julien arrive à venir le samedi soir ! Briefing, préparation du matériel et des kits, et gros dodo pour tout le monde…
Dimanche 12 Août
5h : réveil matinal ! Même Julien arrive à émerger.
6h : on est dans les voitures, c’est parti ! Nous sommes accompagnés par 2 Vulcains, Cédric et Amandine, ainsi que 2 italiens qui ont loupé le départ de 5h.
7h : début de la marche d’approche à la Molière. Le lever de soleil est magnifique !
8h : on est au bord du Gouffre ! C’est parti pour l’aventure !!
Julien prend la tête de la descente, histoire de jeter un coup d’oeil sur les cordes et donner quelques consignes. En effet, l’équipement en double est soit fractionné soit direct, certaines mains-courants sont plus accrobatiques que d’autres : on commence déjà à gérer le moindre effort. Séb suit, et vérifie de son côté le bon serrage des plaquettes (un des conseils de Rémy).
Les italiens vont moins vite. Au sommet du Puits Aldo (P44), on croise 2 croates exténués : 15m en 30 minutes !
Arrivés à la base des puits, nous accusons ainsi un gros retard sur le planning idéal, nos doutes ressurgissent. Le fond est-il raisonnable??
Du coup, on ne traîne pas trop dans la grande galerie descendante et on arrive au bivouac à -500m. Petit point horaire (toujours le même retard), petit ravitaillement, et on repart !
Peu après la salle des 13, on croise Gaëlle, une spéléo de Roanne avec qui nous avons discuté la veille. Elle a laissé filer son groupe et remonte tranquillement. Bérengère, qui commançait à tirer la langue, décide également de faire demi-tour ici. -600, record battu pour elle !
Les deux remonteront tranquillement vers le bivouac et y croiseront une équipe Expé accompagnée de Serge Caillaut. Ca tchatche, ça flashe, ça plaisante : nos deux spéléoes impressionnent !
Retour sur terre vers 19h30, sous la tente vers 22h.
Soit un TPST de 11h30 pour Bérengère !
Sous terre, les garçons continuent à descendre. Les 2 italiens, toujours un peu à la traîne, font également demi-tour. La pause s’impose aux Couffinades : nous avons prévu les combis néoprène, il est l’heure de s’équiper. C’est un peu plus encombrant à transporter, mais quel plaisir de filer à toute vitesse dans l’eau, en voyant l’enchaînement des mains-courantes aériennes au-dessus de nos têtes !
On ressort donc assez vite des Couffinades, et on se rejette dans les puits. L’ambiance augmente d’un cran : maintenant, la rivière est là, avec des cascades, des embruns. Nous ne tardons pas, sous peine de se refroidir très vite (surtout avec nos néoprènes trempées). Petite point horaire : on ne retarde plus par rapport à l’horaire idéal. On décide donc de continuer sur ce rythme, et de viser le fond, que dis-je le siphon !
Enfin le Puits de l’Ouragan. De la margelle en haut du puits, assis les pieds dans le vide, on ne voit que les frêles lumières de spéléos évoluant dans la grande galerie qui suit. En dessous, la cascade se déverse créant un sacré vacarme et un courant d’air bien humide. La tête de puits est très bien positionnées : en gros, il faut se laisser glisser doucettement dans le vide pour mettre en tension le descendeur. Ambiance ! Au fractio à mi-hauteur, c’est bon : -1000 m ! Arrivés en bas, on se planque derrière une grosse pavasse, à l’abris des embruns.
On repart rapidement, direction le siphon ! Il ne reste ‘que’ 122m à descendre, par une nouvelle salle remplie de bloc, puis dans la rivière. Encore une fois, la néoprène est ici salvatrice. C’est simple : les autres équipes n’ont pas pris la néop’ et s’arrêtent toutes vers l’affluent des -1000 (en fait -1075). Nous, on y va gaiement, jusqu’au siphon ! Nous y arrivons vers 16h, après 8h de progression. ON Y EST ! C’est l’euphorie ! Car malgré les doutes, nous avons relevé le défi du Berger. -1 122 m !
La suite, c’est assez simple, il suffit de remonter… Facile? A voir !
Puits de l’Ouragan, 2 équipes sont en train de descendre. Axel et PeF, en quête de mouvement, gratouillent sous les blocs et remplissent 2 sacs de déchets. On laisse passer les 10 spéléos et 30 minutes, et on commence la remontée sur la corde. Les puits suivants s’enchaînent, sur un rythme prudent. La néoprène devient maintenant un handicap, on surchauffe, on ventile mal. Un groupe de jeunes locaux nous double, on se dit qu’on rigolera bien dans les Couffinades quand ils seront suspendus dans leurs longes.
Yves commence à montrer des signes de fatigue. Julien l’aide et le conseille, pendant que Axel, Pef et Séb avance un peu mieux. On se retrouve tous au bivouac à -500. On quitte enfin les néoprènes et on se mets au chaud quelques minutes sous les points chauds aménagés. Erreur ! Comment quitter 20° pour se remettre à 6°? Il aurait été préférable pour le moral de rester à 6°…
…..
[Lundi 13 Août]
…..
Après 20 minutes, on décide de ne pas traîner et de reprendre la remontée. Julien garde 1 sac de déchet dans son kit et nous laissons au bivouac 2 sacs pleins. Avec les noéprènes, nous n’avons plus de place dans nos kits. C’est cette fois Julien qui montre des signes de fatigue, dans le Grand éboulis, et qui passe en mode Economie d’énergie. A la base des puits, Axel et Yves rallongent un peu le parcours et partent involontairement dans la galerie boueuse…, pendant que PeF et Séb installent un balancier pour remonter plus facilement les kits.
La suite et la fin de la remontée peuvent se résumer en 2 mots pour l’ensemble de l’équipe : Economie et lucidité. On sait qu’il ne nous reste plus beaucoup de corde, mais on sait aussi qu’il y a la marche retour…
Nous sortons à 5h30, lessivés après un TPST de 21h30. Pas de lever de soleil ce matin, c’est la pluie qui nous accompagne.
Nous arrivons au parking vers 7h. PeF nous raconte qu’il s’est endormi deux fois en marchant.
Nous sommes à 8h au camping, à 8h04 sous la tente ! Nous nous réveillons sous le soleil de 12h puis comatons toute l’après-midi jusqu’à l’orage de 17h. Sous le barnum, nous découvrons que Bérengère est devenue une star internationale. Il semblerait que ses performances aient été saluées de toutes parts. Les taiseux initiaux, sans doute marqués par l’épisode du Château, enragent devant cette réussite!
Le soir, nous célébrons notre expédition par un savant mélange de pomme de terre, de reblochon et de Bleu du Vercors dans un resto d’Antrans.
Mardi 14 Août
Départ du camping, quasiment sous la pluie. Les télégrammes de félicitations continuent d’arriver auprès de Bérengère, quelques bouquets de fleurs de fans sont livrés dans le Vercors. Sur la route du retour, nous apercevons des drapeaux aux balcons et des enfants courent derrière les voitures. Il faudra s’habituer à cotoyer une star !
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.