Compte rendu du tournage – pour le film « Vallon des Eparres »
Interview de Joëlle Dupraz, le gouffre à Maule, Bovinant, exsurgence de Noirfond, …
27-29 juillet 2018
Sur la lancée de la semaine précédente où nous avions interviewé Paul BOUDIN sur les lâchers de bouquetin en vue du repeuplement de cet Ongulé sur le massif (cf CR dédié), pour ce week-end, nous nous étions fixé la réalisation, entre autres, de prises de vues et d’enregistrements avec interviews de Joëlle DUPRAZ, l’archéologue qui a étudié le gouffre à Maule en 1983-84, suite à sa (re)découverte par le SCV, en octobre 1971.
Participants :
Au total nous serons une quinzaine à participer à cette opération :
Joëlle DUPRAZ accompagnée de Dominique, son mari, et de leur petite-fille Louise (9 ans) ;
et, du côté du SCV : Alain GRESSE (Lionel), Florence BENARD (Flo), Nicolas BRAULT (P’tit Nico), Jean-Philippe DEGLETAGNE (Jean-Phi), Oriane DEGLETAGNE, Jean-Claude GARNIER, Nicole JONARD, Mathilde LABE, Jacques LACHISE (Jack), Michel PHILIPPE, Jacques ROMESTAN, Nicolas TROLLIET (Gros Nico).
Vendredi 27 :
Comme convenu, Michel passe prendre P’tit Nico, Flo et Mathilde à Villeurbanne St-Jean, à 18 heures.
Cette première vague arrive à la « ferme de l’ours » vers 19 h 45. Joëlle Dupraz, son mari et leur petite fille sont arrivés, depuis l’Ardèche, peu avant. Et Lionel qui est passé dans l’après-midi au local pour prendre en charge le matériel spéléo arrive juste après.
Dès avant le repas, pendant et après, nous échangeons avec nos invités sur le film que nous souhaitons réaliser et nous expliquons ce que l’on attend de la part de Joëlle, demain, comme évocations de souvenirs, données des principaux résultats obtenus et anecdotes.
Samedi 28 :
Le rendez-vous avait été fixé à 8 heures, sur le parking au départ du sentier qui conduit au col de Bovinant. Le parking étant condamné en raison de coupes forestières, on se gare le plus près possible mais quelque peu avant. Tout le monde ou presque est à l’heure indiquée, les autres arrivent peu à peu. On ne peut commencer la montée vers le gouffre à Maule qu’à 9 heures, après avoir bien vérifié que tout le matériel destiné aux prises de vue et aux enregistrements soit prêt ainsi que celui pour l’équipement de la cavité ou destiné aux invités.
Juste avant, les principales directives et consignes pour les interviews sont rappelées. A savoir : nous avions 5 caméras embarquées, la Canon pour Lionel, la Pana FZ300 de Jack entre les mains de Jean-Claude, P’tit Nico avec son APN (Appareil Photo Numérique) perso, Jack la Pana X1000 du club et enfin le drone de Jean-Phi.
Si aucune séquence n’est prévue sur le parking, différentes mises en scènes plus ou moins improvisées auront lieu au cours de la marche d’approche avec Michel accompagné des 2 ados (voir scénario), Flo et Oriane. Mais sans interview de l’archéologue.
Deux arrêts en vue du tournage ont donc été effectués au cours de la montée :
– Le premier au niveau du Trou de la Fumée puisque cette cavité est visible depuis le sentier, avec intervention de Lionel ;
– Le second devant ce qui est appelé « l’oratoire de Nère Fontaine » (aussi appelé oratoire de Noirfond) qui est en fait l’une des bornes limitant le territoire des Chartreux.
A chaque tournage, comme le scénario général accepté pour réaliser ce film l’a proposé, les deux « ados » posent juste 2 ou 3 questions très simples et spontanées auxquelles répond très brièvement Michel. Cela devrait permettre de servir de fil conducteur pour le film et donc servir d’introduction à chaque thème abordé.
Au gouffre à Maule
L’arrivée sur le site se fait un peu dans la précipitation car le temps, peu optimiste, se dégrade réellement. Nous arrivons donc au gouffre à Maule vers 11 h 30 sous une pluie battante. Jack est inquiet pour l’électronique (caméras + éclairages). Aussi nous décidons de remettre à plus tard les interviews prévues aux abords de la cavité (l’arrivée sur site, les terrils, les restes de constructions, les chemins empierrés …) pour privilégier les interviews dans la cavité elle-même.
En un temps record, une main courante est mise en place depuis l’entrée jusqu’à la salle des Boisages. Caméras, trépieds, spots d’éclairage sont acheminés directement au coeur du site (la salle du Boisage) par une petite équipe de pointe tandis que le reste de l’équipe, limitée au maximum (cadreurs, éclairagistes, « ados » et autres « acteurs »), s’enfonce tant bien que mal dans la galerie pentue et boueuse, entrecoupée de deux petits ressauts et d’un rétrécissement dont aussi bien Joëlle que Michel n’avaient pas réellement souvenir. Pour ces raisons, Dominique et Louise qui espéraient profiter de ce tournage pour voir, eux aussi, cette salle extraordinaire sont invités à ressortir sitôt la première difficulté rencontrée.
Vers 12 h 15, tout le monde est en place et on commence les prises de vue générales et les interviews. Joëlle semble revenir 35 ans en arrière (elle a en effet étudié cette salle des Boisages en 1983 !) et explique longuement comment était extrait le minerai de fer aux XVIIème et XVIIIème siècles. C’est un régal à l’entendre et peu à peu s’instaure un échange de questions-réponses entre elle et Michel qui cherche à la faire aller jusqu’au bout de ses souvenirs et de ses connaissances sur les exploitations minières faites par les Chartreux quand ils étaient considérés comme des « Maîtres des Forges ».
Indépendamment de cette longue interview, des prises de vue, sans enregistrement, sont prises sous tous les angles pour montrer les différents types d’échelles utilisées et encore partiellement en place, les étais pour retenir un énorme bloc détaché de la voûte et sous lequel les sédiments, riches en hématite, ont été fouillés, les zones de stockage de stériles, etc.
Avant de ressortir, d’autres petites interviews sont réalisées afin d’avoir à disposition un maximum de documents utilisables pour le film. Joëlle montre et donne quelques explications sur de petits nodules d’hématite que Michel a récupérés à même le sol de cette salle. Dans une petite galerie annexe, elle donne des précisions sur le travail des mineurs, montrant des traces de coups de pic, une zone du plafond noircie par la fumée des lampes à graisse servant d’éclairage… Bref, au total, un reportage complet sur le gouffre à Maule en tant que « mine de fer ».
La remontée s’effectue lentement car l’heure a tourné, les estomacs sont vides, la fatigue se fait sentir, les ressauts sont très glissants et pénibles à franchir, … mais sûrement ! Toute l’équipe est dehors à 14 h 30 et, par chance, il ne pleut plus bien que le temps soit encore très incertain, avec des passées dans le brouillard.
Après avoir mangé, profitant de quelques éclaircies, de nouvelles séquences sont tournées, notamment celles de l’arrivée à l’entrée de la cavité et de la pénétration dans la galerie d’accès qui n’avaient pas pu être faites le matin. De même, bien qu’une telle séquence avait été enregistrée en juillet 2014, nous reprenons celle qui consiste à découvrir des spéléos scrutant la falaise d’en face et y découvrant le Trou qu’on Voit. Cette fois, c’est avec les ados que la séquence est enregistrée afin de garder une cohérence dans le fil conducteur. A noter que cette séquence est également filmée à partir du drone piloté par Jean-Philippe.
Comme le temps passe, une partie de l’équipe qui n’est pas directement impliquée par les interviews décide d’aller repérer vers le col de Bovinant en vue de photos aériennes avec le drone. Des essais sont faits mais ne sont pas aussi bons qu’espérés. Pour profiter au maximum de la présence et des connaissances de Joëlle, une dernière interview est faite, en extérieur, aux abords des restes de constructions d’un atelier de grillage du minerai. Au cours de cette nouvelle intervention, Joëlle explique comment les abords du gouffre à Maule ont profondément été modifiés par les travaux de la mine : extraction d’abord à ciel ouvert puis en galeries, formation de terrils avec les déblais, constructions d’ateliers pour faire un premier traitement et limiter ainsi les quantités de matériau à descendre dans la vallée pour être travaillé, les chemins empierrés utilisés pour descendre ce minerai pré-trié.
A ce sujet, Joëlle montre, devant la caméra, des scories mises au jour par Nicole et la petite Louise aux abords immédiats de l’atelier de grillage.
Pendant ce temps, voyant qu’il se fait trop tard pour aller interviewer Joëlle sur l’un des tronçons de chemin empierré encore visible, Lionel va faire des prises de vue de ce chemin afin de combler cette lacune.
Vers 17 heures, on reprend le chemin du retour afin de ne pas arriver trop tard à la ferme de l’ours. Les plus rapides arrivent aux voitures vers 18 h 30 mais la petite équipe partie au col de Bovinant n’arrive qu’une heure plus tard. Puis c’est le retour à la ferme de l’ours où l’on peut se doucher puis discuter sur ce qui a été réalisé aujourd’hui et ce qu’il reste à envisager pour demain autour d’une bière bien méritée offerte par Michel avant de souper et de se retirer dans les chambres. De son côté, Jean-Claude qui nous avait rejoints ce matin au départ de la montée vers le gouffre à Maule s’en retourne directement chez lui, au hameau des Villard.
Dimanche 29
Compte tenu de la rude journée d’hier, délaissant la possibilité de monter jusqu’au Grand Som en vue de faire des prises de vue sur le monastère de la Grande Chartreuse avec drone, une certaine liberté est accordée pour la matinée, avec un nouveau rendez-vous fixé en début d’après-midi, à l’exsurgence de Noirfond.
Des prises de vue avec drone sont tentées avec Jean-Phi poussé par Jack sur la zone de falaise de La Plagne sur laquelle peuvent être observés les bouquetins. En vain, car la falaise exposée plein est, le soleil fit rapidement son apparition avec un mauvais contre-jour.
De nombreuses prises de vue, toujours avec drone, ont eu lieu au château de Montbel, avec descente sur la vallée du Guiers Vif et remontée sur le vallon des Eparres. Joëlle, Dominique et Louise vont faire un tour au château de Montbel avant d’aller au musée de l’Ours des Cavernes, à 10 heures, pour une visite commentée par Michel. Tous quatre retourneront déjeuner à la ferme de l’ours avant que Joëlle et sa famille reprennent la route pour l’Ardèche et que Michel rejoigne le reste de l’équipe, vers 14 heures, à l’exsurgence de Noirfond.
Comme prévu, pratiquement toute l’équipe du SCV est donc présente dans la vallée du Guiers Vif, plus précisément auprès de l’exsurgence de Noirfond qui a une grande importance dans le projet de notre film sur le vallon des Eparres. C’est bien là, en effet, que toute l’eau tombée sur l’impluvium de ce vallon ressort après des cheminements souterrains encore mal connus. D’où les recherches entreprises par le SCV depuis 1964 … et ce film sur lequel nous travaillons à présent.
Le tournage de séquences sur ce site ne se fait pas sans problème car c’est ombragé et il y a du bruit. Plusieurs tentatives sont cependant faites, mais sans enregistrement des « ados » et de Michel. Dans le montage du film, les commentaires seront enregistrés en voix off. Des prises de vue avec drone sont également réalisées tant en amont de l’exsurgence qu’en direction de l’exsurgence depuis la rive opposée du Guiers Vif. Ces tournages terminés, l’essentiel du programme prévu pour ce week-end étant réalisé, on s’en retourne aux voitures, les discussions se poursuivent sur les prochaines sorties à envisager à propos de ce film avant que l’on ne se sépare pour regagner nos domiciles respectifs.
CR de Michel. PH.