Exercice Secours 3SI – Gouffre BERGER – 29 et 30-06-2019

Voici le SCV en action pour un exercice secours spéléo d’ampleur au gouffre Berger. Un contingent important du SSF69 est invité à cet exercice isérois.

Inscrits pour le SCV :

  • Bérengère Huet (L’étoile du Berger)
  • Julien Mondon (La Marmotte de l’Oisans)
  • Sébastien Vivet (Mon P’tit poney)
  • Yves Salanon (Mon P’tit Lapin)
  • Pierre-François Gudefin (PeF)

Le mercredi, les convocations tombent : Julien et PeF sont attendus de bonne heure, 6h15 ! Yves vers 8h alors que Bérengère et Seb pourront se la couler douce jusqu’à 10h.

On décide donc tous de partir la veille pour camper sur le Vercors. Nous nous retrouvons donc à Autrans vers 20h30 autour de bonnes pizza et boissons. Au passage, nous perdons environ 15°C et c’est super agréable !

Les copains vont pouvoir abréger la marche d’approche

Les mésaventures de PeF

La nuit est courte, levé 5h30, mais confortable au regard de la fournaise lyonnaise.

Arrivé au PC, nous apprenons qu’il y a une rotation d’hélicoptère pour amener les premiers spéléos et le matériel à l’entrée du Gouffre. La journée commence bien !

6h30, c’est bon : l’hélicoptère réveille les autranais endormis. 6h33, deux autres rotations sont possibles : banzaïïï, 20 spéléos se précipitent aux voitures et reviennent en équipés dans les 5 minutes !!

6h44, on nous apprend que les rotations sont terminées et qu’il faudra faire l’approche à pied. Grosse déception ; mais on s’y attendait un peu…

Je suis affecté à l’équipe 4, avec Nicolas de l’ASV comme chef d’équipe, accompagné de Fred DELEGUE (Vulcain) et de David et Olivier (CRS). Notre objectif, équiper la cascade du Petit Général et le ressaut du fil de fer pour le passage d’une civière puis d’aider au brancardage de la salle des Treize (-500m) au bas des puits d’entrée (-250m).

Nous arrivons (à pied, donc !) à l’entrée du gouffre vers 10h. Ça commence bien pour les CRS qui ont oubliés une paire de chaussure au PC. Ils repartent donc en urgence à la Molière. Nous rentrons sous terre vers 10h30. Nos 2 CRS doivent nous suivre juste après.

Nous mettons environ 1h30 à atteindre notre zone. Le brancardage ne va pas être évident, il va falloir multiplier les ateliers pour aider les porteurs. Avec le peu de matériel que nous avons, il sera nécessaire de démonter et remonter les tractions sur plusieurs passages. Après 1/2h de réflexion, nous commençons à équiper une tyrolienne d’environ 40 m entre la cascade du Petit Général et le ressaut du fil de fer.

On commence à s’inquiéter, nos CRS ne sont toujours par arrivés. Ah si les voilà. Ohhh, ils sont plein de boue. « Vous ne vous seriez pas trompé de chemin ? » « Si, si, on s’est dirigé vers la galerie de la boue ».

Ce n’est vraiment pas leur journée.

Pendant que nous poursuivons notre équipement, ils commencent leurs repas et décident de se faire une soupe pour se réchauffer. Mais dans leur malheur, la soupe déborde et se renverse.

Ce n’est décidemment pas leur journée.

Notre chef d’équipe, qui multiplie les allers-retours, avec l’équipe précédente, revient du point chaud à -500 pour nous apporter des nouvelles.

« Euh, les gars. Il y a eu un oubli au niveau du PC. Il n’y a personne entre les Couffinades et la salle des Treize. On doit tout démonter pour aller équiper cette zone avec l’équipe 3. »

Et c’est reparti pour aller vers -550 juste avant le « Balcon ».

Arrivé sur place, enfin une bonne nouvelle : la victime marche! Sa luxation a été réduite convenablement. Il faut juste l’accompagner sur les passages raides et la hisser sur les verticales. Soulagement, un brancardage aurait été vraiment difficile dans le grand éboulis.

Nous retournons donc équiper notre tyrolienne pour faire passer la cascade du Petit Général. Notre atelier fonctionne bien et permet de passer 2 difficultés d’un coup. La victime repart et nous déséquipons.

Sur le chemin, la victime trébuche et se tord la cheville (scenario). Il sera donc nécessaire de la replacer dans la civière pour la fin de l’exercice. A ce moment, on espère tous que les équipes engagées au-dessus reprendront le relais sur les puits d’entrée.

Malheureusement, il y a eu un sur-accident (scenario) en amont, c’est donc l’équipe 5 (engagée en même temps que nous) qui doit gérer cette zone. Nous devons les aider pour les brancardages compliqués dans les méandres. Ça devient long, il est déjà 00h.

Après 2h de hissage de brancardage dans le puits Aldo, le puits Gontard et le puits Garby, notre exercice est arrêté par le PC. Ca y est, ils jugent que l’on en a assez fait. Ouf !

Mais la victime 2 n’est toujours pas sortie et nous nous retrouvons bloqués derrière elle, nous sommes environ 40 sauveteurs. S’engagent alors de longs moments d’attente, à la base de chaque puits et dans les méandres. Très long moment. Et il fait froid. On sort les ponchos, les doudounes, les bougies. Tout ce qui peut réchauffer.

Au final je sors à 4h du matin.

La marche de retour est très longue, je suis démonté. Je m’endors au parking de la Molière en attendant la navette. Arrivé au PC vers 6h. Une part de lasagne, nous procure un grand bonheur. Des tous petits trucs vous font plaisir après une si longue sortie.

TPST (PeF) :                     17h30

Temps d’approche :        2 x 1h

Temps de sommeil :       Vendredi-Samedi : 5h

                                             Sous-terre : 15-30 min

                                             Dimanche : de 8h à 10h puis sur le trajet du retour, puis de 15h à 20h, puis de 23h à 6h le lundi

Là, c’est la sieste après la lasagne !!

Les petits yeux de Julien

De mon côté, exercice un peu difficile. Peut-être perturbé par le fait de devoir se lever à 5h, j’ai l’idée la veille de jouer avec les herbes hautes puis d’enlever mes lentilles. Résultats immédiat, une belle allergie et des yeux qui démangent…

Au matin, les yeux collent et grattent toujours, plus qq soucis digestifs. Bref, pas question d’aller sous terre dans cet état, je reste donc sagement au PC, en attendant des heures meilleurs (avec l’équipe de 10 ou 12h?) et en donnant des coups de mains par-ci par-là.

Au final, je reste jusqu’au lendemain 7h au PC gestion, avec deux siestes de 15 minutes… J’vous raconte pas l’état des yeux 🙂

J’abrège un peu mes activités au PC, ça ferait doublant avec le paragraphe qui suit !

Bérengère elle gère

Du côté de la gestion, j’ai (Bérengère) commencé ma prise de poste à 10h avec Julien et Thomas en soutien, au top ! Bon on était déjà tous au PC à 7h30 avec l’excitation du secours et le bruit de l’hélico (pas si calme le milieu montagneux).

Au début je cherche ma place :

  • il y a déjà du monde pour l’accueil des sauveteurs et la gestion de la main courante
  • les équipements Radio ne sont pas encore opérationnels et donc la charge de travail est soft.

Avec Julien et Thomas, on se charge de la préparation des communiqués de presse faits régulièrement pour rendre compte à la préfecture de l’avancement du secours. Ces points consistent à :

  • faire un recensement exhaustif de toutes les personnes engagées sur terre, en surface, en approche et ceux qui sont disponibles
  • faire un point sur le fonctionnement des transmissions et représenter par schéma les relais.

Les maires des communes se sont déplacés, le Commandement des Opérations de Secours (COS) travaille en véritable équipe avec Thierry et Tristan et le Directeur de Cabinet du Préfet a fait une visite du PC pendant plus d’une heure.

Puis une cellule de crise se monte puisque qu’un sur-accident survient : un kit est tombé d’un puits et a heurté la tête d’une jeune femme (scénario). Le pronostic médical est vraiment délicat et une civière médicalisée avec assistance respiratoire sera nécessaire. C’est un beau challenge surtout quand on sait qu’il y a un méandre à passer.

Thomas et Julien travaillent sur l’évaluation des besoins en ressources matérielles et humaines pour gérer ce nouvel accident qui s’est produit à -138m en bas du Puits Garby.

Heureusement on était bien dimensionné en effectif gestion ce qui a permis de se relayer sur les postes (planning, main courante, diagramme) et de faire quelques pauses indispensables pour tenir sur la durée.

Quand la seconde victime sort, c’est un soulagement ! On sait qu’on y est encore pour un moment vu que plus de 70 personnes sont sous terre, qu’il y a une marche d’approche d’une heure et un trajet voiture de 30 minutes pour rejoindre le PC. Notre mission s’arrêtera à 8h du matin lorsque chaque sauveteur sera repassé au PC.

Bilan :

Il y a eu quelques couacs dans l’organisation de l’évacuation (matériel manquant, civière au mauvais endroit, départ civière décalé, etc.) notamment en raison de communications mal passées mais, au global c’est une véritable réussite puisqu’après 27 heures de secours nos victimes sont sortis.

Cet exercice aura permis de mieux connaitre nos copains de la 3SI et de prendre conscience des contraintes en cas de vrai secours au Berger (très consommateur en matériel, nécessité d’élargir un virage pour un passage civière, notamment médicalisée).

Mules et Poney

Et pour ma part (Seb), j’étais convoqué pour 10h, parfait pour une consommation conséquente de café (oui, j’étais sur place vers 7h30). A 11h la fiche mission arrive, notre équipe doit équiper une 2ème ligne de progression dans les puits du Cairn et puits Garby et les évac civière des 2 même puits. Histoire de nous occuper ils nous confient aussi le rééquipement en fixe du méandre qui sépare ces deux puits. On entre sous terre vers 14h, nous nous divisons en 2 groupes et je ferais partie de celui du puits Garby. Beaucoup de boulot, mais nous avons quand même le temps de manger.

Tout est prêt, nous nous mettons en place à nos postes, nous prévenons le PC et attendons le départ Civière de la victime 2. Mais ça devait être trop simple alors nous attendons (transit par le froid, difficile à croire au moment où il fait 40° en plaine) bien 2 heures le top départ.

Mais voilà, ça démarre. Contre poids, reprise, palan et la civière sort du Garby. Commence la longue et pénible traversée du méandre, mais avec beaucoup d’efforts de monde et d’obstination on rejoint le boudoir, petite salle qui coupe le méandre en 2. On attaque le ressaut suivant mais là ça coince dans le premier virage, avec tous ses instruments, impossible de passer la civière à l’horizontale. Nous n’avons pas prévu de dynamiter le passage. Retour au boudoir, la victime sort de la civière et continuera à pied jusqu’à la base du puits du cairn.

Pascal, notre chef d’équipe nous rappelle et nous allons déséquiper notre atelier et le matériel de progression. En route on croise les équipes du fond (ainsi que la victime 1, qui va beaucoup mieux !) qui remontent avec une montagne de kits (je déconne pas y avait vraiment une montagne de kits). La remontée s’annonce chargée, mais nos prédécesseurs font vraiment du bon boulot et nous ne remonterons qu’avec seulement 2 kits chacun. On se chargera du déséquipement jusqu’à la sortie. Nous serons les bons derniers à sortir dimanche à 5h15. 1h de marche, la navette dans un véhicule de CRS, 2 énormes assiettes de lasagnes et au lit bien fatigué à je sais plus qu’elle heure.

TPST pour moi : environ 15h

Et dans l’terrier de Ptit Lapin ?

Pour ma part (Yves) c’était mon second exercice, donc tout était nouveau pour moi.

J’étais convoqué pour 8h, mais finalement je serais « mélangé » avec ceux de 10h (donc avec Séb).

Démarrage à 11h du PC. Pour la première fois de ma vie je monte dans un beau camion de pompier. C’est beau un camion de pompier 😉 ! Tu m’étonnes qu’ils peuvent draguer ce qu’ils veulent avec ces beau gros engins tout rouge !

Nous serons lancés dans la cavité à 14h et nous étions en charge d’équiper le puit du Cairn, pour la remonté du brancard et refaire la main courante du méandre.

Une longue attente commence pour moi en bas du puit, la différence de chaleur entre dehors (plus de 30°) et dedans est terrible. Le froid ressenti pour moi c’était autour de -10000 degrés ! J’ai dû me changer et me mettre dans mon poncho pour survivre !

Puis le chef d’équipe demande mon aide vers 17h pour participer au rééquipement du méandre. Je bouge enfin ! J’ai dû faire 6 fois l’aller-retour dans ce méandre afin de transporter les équipements nécessaires. Nous terminerons vers les 20h par un bon repas chaud pour ma part.

De nouvelles instructions arrivent du PCA, le brancard arrive bientôt, il nous faut aider à le faire passer dans le méandre. Une fois en place, nous revoilà en position d’attente une nouvelle fois. Le brancard avance doucement … tellement doucement qu’il n’arrivera que vers 23h30 environ. Je commençais à avoir franchement sommeil, presque à dormir debout.

Très impressionnant ces dizaines de spéléos entassées dans le méandre à passer en rampant, dessus et dessous. Il y en a vraiment de partout, l’ambiance est là, ça rigole même si la fatigue se fait sentir !

Nous serons arrêtés dans notre lente progression par un virage trop serré pour passer avec le brancard. Je dirais heureusement car nous y serions peut-être encore !

Nous rejoignons le puit du Cairn vers 1h30 du matin. Le chef de mon équipe nous indique n’avoir besoin que des champions en technique. Je saute sur l’occasion et avec son aval je sortirais vers 2h.

L’heure de marche qui nous sépare du parking ne me paraîtra pas trop difficile, nous chargeons nos sacs dans le camion et hop nous voilà parti. Puis une voix se fait entendre au bout d’un kilomètre.

« Hey les gars, le coffre n’est pas fermé ! » . Nous étions tellement pressés d’aller manger notre lasagne que personne n’a pensé à fermer le coffre avant de partir, deux sacs de perdus dans la pampa … Nous arriverons au PC vers 3h30. Julien me ramènera à ma tente vers 4h … la nuit fut courte !

TPST : 12h

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