Retour en 2016 en Tunisie, pour un nouveau séjour d’une semaine avec nos amis Tunisiens.
Au programme cette année : séjour dans le secteur d’Oueslatia pour continuer à prendre des images à la Grotte de la Mine, dans le cadre de notre projet de film, puis séjour à Zaghouan pour grimper et assister au Festival du Film de Montagne de Zaghouan.
Participants :
Jack, JR, Julien, Alain Grunesein (Avignon)
Plus nos amis de SOS (Sfax), et d’ASEZ (Zaghouan) pour le festival.
Samedi 29 octobre :
Trajet vers Tunis pour Julien et Jack. Nous retrouvons JR et Alain qui sont venus cette fois en bateau. Dodo au Kram.
Dimanche 30 octobre :
Route vers Siliana et Sidi Ameur, pour dormir chez notre ami Khalifa. On fait un détour par les magnifiques sites archéologiques de Zama et Makhtar. Dodo au gîte de Khalifa sous les cocorico nocturnes du coq…
Lundi 31 octobre :
Journée tournage ce lundi. Grosse journée et le timing est serré.
D’abord, pendant l’ascension jusqu’à l’entrée de la mine, ITW d’Alain sur ses différentes anecdotes vécues lors de ses expé. Ensuite prises de vue autour des nombreuses concrétions dans la salle Tanit. Je ne veux que du blanc, du pur, de l’immaculé, de la calcite dans sa plus simple expression, sans boue, sans glaise, ……. et je ne vais pas être déçu. Le seul souci ; le timing. Les journées sont courtes, la préparation demande toujours une certaine inertie et nous devons être de retour au parking avant la nuit vers 17h30, c’est tôt.
Nous sommes 7. Nos 2 amis tunisiens, Sedki Ben Ghozlen et Mohamed Turki, qui, faisant office de porteur, sont les bienvenus, Amal, Julien, JR, Alain Grunesein et moi, caméra à la main, à l’affût de la moindre scène captivante et prometteuse.
Alain est surprenant. 81 ans et il grimpe le chemin qui mène à la mine comme un jeunot. Et pourtant ça grimpe. Sac sur le dos, à peine une goutte de sueur et il n’arrête pas de bavarder. J’essaie de galoper dans tous les sens pour ne pas en rater une miette. Pas simple, la pente est raide et paraît interminable.
Après la scène émotion à l’entrée de la mine car Alain s’était promis d’y revenir, direction l’entrée naturelle. Alain, qui ne voudrait pas abuser de sa prothèse de hanche, et JR qui ferme la marche, ralentissent la cadence. Ils seront distancés car l’heure tourne.
Salle Tanit. Toujours aussi belle. Une multitude de concrétions étincelantes d’une blancheur à en donner le tournis.
Les yeux écarquillés, je scrute, je fouine, je cherche tous les coins et recoins que j’aimerais mettre en valeur. Mais il y en a tellement. Il faut faire des choix. J’ai pu apporter (grâce à nos 2 porteurs) le matériel pour travelling ainsi que l’éclairage 2500 lumens que je viens de fabriquer. C’est son baptême. Je vais me régaler. L’installation est longue, le matériel est délicat à positionner, à régler, et je ne pourrai pas tout filmer. Je dois me limiter. De plus, je sais que je ne pourrai pas revenir car je n’aurai ni porteur ni autorisation. Il faut faire vite et bien.
Le temps passe vite, trop vite. Les suggestions notamment de Julien ne manquent pas, mais on ne peut pas tout faire. Seul regret par rapport à notre semaine de tournage en 2014, la galerie est complètement sèche. Les gours sont vides. Elle a perdu une partie de son charme.
Le soir, de retour au gite, à Dar Khalifa, longue séance de transfert sur PC et dérushage en compagnie de Amal et Julien. Il faut tout sauvegarder et s’assurer que les images sont exploitables. Suspens … Ouf, elles sont plutôt réussies !
Le soir, macaroni-volaille… pas de cocorico durant la nuite, bizarre… !!
Le lendemain matin debout 6h pour ne pas rater le lever de soleil prévu dans le scénario.
Mardi 1 novembre :
Les sfaxiens et Julien nous quittent en début de matinée.
Nous restons à Dar Khalifa, l’occasion de faire quelques images d’ambiance. Mais nous en profitons également pour suivre Alain dans ses pérégrinations kairouanaises, à la recherche de fours à briques et d’anciens amis archéos.
Mercredi 2 novembre :
Mardi soir, un groupe de spéléo d’ASEZ nous rejoint à Dar Khalifa, accompagné par Erick VanDenBroucke, spéléo belgo-ardéchois fin connaisseur du secteur. Nous les suivons mercredi à la Grotte de la Mine et reprenons encore quelques images du massif.
Jeudi 3 novembre :
Nous avons quitté Oueslatia pour Zaghouan. Hamda nous attend. Programme de l’après-midi : escalade. Enfin je l’espère ! Après avoir fait connaissance et pris un verre avec le directeur régional des sports de Zaghouan que notre ami Alain connait de longue date, le choix se porte sur le rocher Rock is dead dans le secteur Oued Delia, juste à la sortie de la ville. Du parking, malgré l’absence de voiture, exceptée la nôtre, nous entendons des échos dans l’oued. Un groupe de grimpeurs, accompagné de Phil Bence, excusez du peu, installe une Slackline à 30 m de haut dans le secteur des Grandes Voies. Phil Bence et Francisco Toronto équipent de nouvelles voies en amont de Rock is dead. Arrivés face à la falaise, le nettoyage du rocher par nos 2 équipeurs nous ramène des parpaings à moins de 20 m de notre lieu de grimpe. Impressionnant ! Certains morceaux font certainement plus de 20 kg. Bon, laissons faire les pros, nous, on est là pour s’amuser.
Baudriers enfilés, Hamda ne s’avoue pas très bon grimpeur, il me demande donc de démarrer les festivités. La pression monte mais le plaisir est intense. Echauffement dans une voie en 5c « Laboratoire ». Un peu d’appréhension mais ça passe. Hamda suit en moulinette, il m’avouera progressivement que même s’il connait toutes ces voies, il n’a pas grimpé depuis un an. Bon, j’ai compris, je suis condamné à toutes les monter en tête. Cette fois, ça rigole plus.
Echauffement terminé, on attaque …, ou plutôt j’attaque « Vis-je ? Yeah ! ». La difficulté est à 10 m de haut, mais la roche accroche vraiment très bien. De retour au sol, je saurai en scrutant le topo que c’était une 6a. Je suis plutôt content de moi. La suivante, « Olive Yeah », 5c+, peu de difficultés. Hamda ne veut plus grimper mais me pousse à continuer. Il y a « Kommse » ! 25 m de haut avec un bel enfoncement à 15 m.
– C’est juste une 6b, qu’il me dit calmement.
Ce qui veut dire que si je veux la sortir, faut passer le dévers. Et puisque je monte seul et en tête, je DOIS la sortir !
– Ouais, ben justement, t’aurais peut-être pas dû me le dire
– Je suis sûr que tu la passes !
Gentil le Hamda ! Grosse hésitation. Bras fatigués, dévers à franchir et le 6b est mon niveau limite. Hamda insiste. Le stress monte. Je suis taré, je décide de tenter.
Esprit de compèt, je branche l’hyperventilation (rigolez pas, ça marche en compèt !). La roche adhère tellement bien que je sens pas passer les premiers mètres. J’arrive dans l’enfoncement. Là, c’est déjà plus sérieux. Je regarde à droite, hum …, pas top. Je regarde à gauche, je tente. Pas top non plus, je redescends à la dégaine. Heureusement, nous sommes à l’ombre, la température est clémente mais je commence à avoir des sueurs froides. Concentration. La prochaine dégaine est à 3 m, va falloir de que je mette le culomètre en route (pour ceux qui connaissent pas ; y aller au culot). La trouille est là, la jambe tremble. J’essaie de lui parler.
– Tu vas t’arrêter toi, on nous regarde ! Elle m’écoute mais seulement par intermittence.
– Bon, on a pas toute l’après-midi, il faut y aller.
Après une grosse minute de repos et de recherche visuelle, j’engage. … Miracle, je trouve LA prise. Et elle tient ! Faut pas trainer. Je réfléchis plus, le niveau d’adrénaline est au max. Je monte le pied gauche à hauteur de la ceinture et je pousse. Nouvelle fissure verticale, je coince la main gauche et je bascule le corps à droite. Tout en oppo. Vite la dégaine avant que je me mette à trembler de tous les côtés. Bon dieu, c’est passé. Là, c’est de l’exploit. J’entends Hamda me féliciter. Yes !
J’en tremble encore, mais c’était tellement bon.
L’après-midi se poursuit plus cool par la visite du marabout de Sidi Bou Gabrine sur les hauteurs de Zaghouan. Nous sommes très bien accueillis par son gardien que nous dérangeons en pleine méditation. Et pour finir, un superbe couché de soleil, vous verrez les images.
Vendredi 4 novembre :
Randonnée matinale dans le vieux Zaghouan. Belle tranche d’espadon pour midi, cuite au barbecue aux abords du marché, un délice, puis retour à l’oued Delia. Etait prévue une journée de grimpe avec Hamda, mais les nouvelles sont mauvaises, il me pose un lapin, obligations familiales. Pendant qu’Alain se repose, c’est donc JR qui se dévouera pour l’assurage. 2 voies rapides en 5c et c’est l’heure de se préparer pour la soirée.
Troisième étape importante de ce séjour en Tunisie : le festival. Nous sommes, comme toujours, très bien accueillis par les organisateurs du festival, membres du club spéléo de Zaghouan, mais aussi par les sfaxiens et autres Soussiens. Embrassades, larges sourires, souvenirs remémorés, clin d’œil avec questionnements à propos de notre futur film en cours de montage sur la grotte de la Mine, et j’en passe. Le film n’est pas encore fait qu’il est déjà au programme du prochain festival. Je crois que certains vont un peu vite en besogne !
Bon, en attendant, c’est quoi le programme pour cette édition ?
Malgré la qualité de l’écran (un pauvre trou bien visible au milieu), la maigre qualité de la projection et la saturation audio (mais ils vont s’améliorer c’est sûr), la salle est bondée et nous passerons de bons moments.
Mes 4 préférés, dans l’ordre :
– Fear less, fiction. Un champion de vtt, salarié d’une entreprise et harcelé par son chef, se projette dans une forêt où il est poursuivi sur son vtt par un ours.
– So high, avec Romain Desgranges, ancien champion du monde d’escalade
– J’ai demandé la lune au rocher, film de Bertrand Delapierre. Belle romance très tactile entre Stéphanie Bodet, championne d’escalade, et le rocher. Textes et parole de Stéphanie.
– Pour une poignée de seconde, reportage de Bertrand Delapierre sur le vol libre
Samedi 5 novembre :
Grande journée « porte ouverte » escalade dans l’oued Delia. Il y a du monde. Nous avons sympathisé avec Eric Valls, réalisateur du film « Verdon au fil de l’eau » projeté la veille. Éric, BE d’escalade, est un habitué de la Tunisie. Ayant participé, avec la Petzl team entre autres, à l’équipement des nombreux rochers de l’oued Delia, à la réalisation du topo, et à la formation des initiateurs escalade à Zaghouan (à qui il a remis le précieux diplôme la veille pendant le festival), il me sera d’un grand secours pour la journée. En contrepartie, n’étant pas véhiculé, il est enchanté de nous accompagner.
Cette fois, il me guide dans le secteur Aich el Nisr (Nid d’aigle). Echauffement sur « L’enfant du pays », un petit 5b, puis « Koul-koul » et « L’homme vertical », 2 voies en 6a. Evidemment, fierté oblige, il est hors de question pour moi de monter en moul. Puis retour à Rock is dead où nous voulons baptiser les voies ouvertes jeudi par Phil et Francisco. Le niveau des voies n’est pas encore précisé, ce sera notre surprise. Du 6b puis 6c. Ouais, quand même ! Cette fois, heureusement qu’Éric est là pour monter la corde !
Pendant ce temps, Julien, JR et Alain organisent un petit atelier spéléo sur le site Aïn Haroun. La mise en place est un peu longue, mais elle permet de revoir quelques bases, dans l’esprit bon-enfant habituel.
Le soir, 2ème partie du festival (voir programme plus haut)
Mes 4 préférés, toujours dans l’ordre :
– The Bronx, fiction de et avec James Pearson et Caroline Ciavaldini (nos 2 ex champions du monde d’escalade rencontrés à ce même festival en 2015)
– First steps, reportage de Phil Bence. Belle expédition spéléo française en Birmanie (film également projeté à Spélimages 2016)
– Philippe Ribière, comment vivre de belles aventures, avec humour, tout en étant sérieusement handicapé.
– Slackline/Highline, de Romain Hocq. Tout est dans le titre.
Dimanche 6 novembre :
Départ avant les aurores de Zaghouan pour Julien et Jack. JR et Alain repartiront le mardi vers Marseille.
CR de Jack
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