Participants :
Jack, Axel, Pef, Dorothée et Fabien.
Retour sur cette belle journée de grimpe, inclue dans notre gros week-end réalisé dans les calanques pour le pont de l’Ascension / 8 mai.
Le projet grande voie non réalisé de l’an dernier « Sur les traces de Gaston » ayant été reconduit, c’était avec impatience et enthousiasme que Jack, Axel, Pef, Dorothée et moi-même l’attendions.
Mais la veille, ça s’annonçait mal : Axel, qui devait partir leader sur les longueurs annoncées difficiles, se tord la cheville sur du « terrain d’aventure » et lorsque Jack me demande l’heure de départ et que je lui annonce 6h30, j’entends immédiatement des ronchonnements venant de deux boudeurs se nommant Pef et Dorothée…
Ceux-ci m’assaillent d’arguments plus ou moins bons pour rallonger leur temps de repos et après une longue discussion, grand seigneur, je leur accorde 1/2 heure supplémentaire : nous partirons à 7h00 ! (Je n’ai jamais vraiment compris pourquoi je ne savais pas dire non à Dorothée*, je la soupçonne de magie noire…)
Bref, le matin arrive et nous partons à l’heure, 7h05 pour être précis, ce qui ne me semble pas mal au vu la fatigue de la veille. C’est le talent de Jack et Pef qui nous mène au pied de l’Eissadon; 20 minutes de voiture et 1h30 de marche, ça fait long tout de même.
Mais lorsqu’on l’aperçoit, le Pic de l’Eissadon ne vous laisse pas de glace. Paraissant tout petit lors de la marche d’approche, une fois au pied, c’est une autre histoire. C’est à ce moment que je comprends que nous ne sommes pas en ballade mais bien là pour réaliser un défi :
=> 11 longueurs dont 5 en traversée au raz de l’eau vagueuse (mot qui sera ajouté au petit Larousse en 2019, soyez patient).
Ni une ni deux, on s’équipe! Je me mets avec Pef, et Dorothée seconde Jack (je ne me rappelle plus comment cela s’était décidé mais ce jour-là, la compo était optimisée).
Il y a rarement de volontaire dans notre groupe pour l’ouverture et c’est là qu’une bonne démocratie prend tout son sens. Après un vote rapide (trois « pour » et un « contre »), ce sera Pef qui débutera, ce qui, après réflexion, n’est pas tout à mon avantage puisque la L2 comprend un grand pas au-dessus de la mer (qui me terrifiera mais ça, je ne l’ai dit à personne.)
Les longueurs de la traversée s’enchainent avec beaucoup de plaisir. Bien que déconcerté au début par les vagues qui viennent taper sur les rochers juste en dessous de mes pieds, je me retrouve rapidement dans un état d’extase et le temps défile à une vitesse inestimable ; peut-être avons-nous mis cinq minutes ou peut être deux heures, encore aujourd’hui je ne saurais le dire. Tout ce dont je me rappelle, c’est le bruit des vagues frappant la roche et le soleil sur mon visage.
Vient ensuite la deuxième partie, 5 longueurs qui permettent d’atteindre l’arbre sommital du Pic. La première est un régal, une offrande à la confiance, une voie dite « de chauffe comme on les aime ».
12 dégaines plus haut, à 25 mètres à peu près, nous nous retrouvons Pef et moi, sourire sur le visage, à discuter de choses que seul un grimpeur heureux peut comprendre: les kayaks qui se trouvent peut-être en dessous de nous, la dégaine manquante dans la L3 remplacée par un maillon rapide, les deux grimpeurs suisses qui nous talonnent avec un appareil photo et qui ont promis à Dorothée un mail avec celles-ci …
Vient ensuite la reprise, il s’agit encore d’une traversée mais cette fois, en hauteur, et c’est moi qui m’y colle. 5C qu’il disait… Ok, je veux bien, mais avec la boule au ventre, j’estime avoir fait du 7A.
Le pied qui glisse, la jambe qui tremble, le doute qui m’assaille, ici, je suis passé par toutes les phases et cela tombe bien car, une fois débarrassé de ces petites considérations, reste l’expérience acquise. Je sais maintenant par exemple qu’il est possible de commander par la voix sa jambe pour qu’elle cesse de vibrer…
Relais inconfortable, Pef arrive et repart immédiatement dans la longueur redoutée du 6A patiné qui comprend, entre autre, un grand pas au-dessus du vide et un passage marqué « tout en rondeurs ». Et bien croyez moi ou non, nous l’avons tous fait et sans tricher (à partir du moment où, comme moi, vous considérez qu’une dégaine est une prise).
Le reste s’enchaine sans rien de notable, du plaisir à l’état pur, deux shoots de 5c avec relais aériens qui nous mènent au sommet. Sommet où nous pique-niquerons avant une descente de deux relais et un retour fastidieux après 5 heures de grimpe.
Retour au camping à 19h, nous sommes exténués mais heureux. Jack est sous le choc depuis la fin de la voie, il ne sait plus dire que « On l’a fait ! ». La fête va bon train et, tel un banquet d’Astérix et Obélix, nous nous enivrons en racontant notre exploit omettant, comme toujours, quelques détails. Mais après tout, l’histoire est écrite par les vainqueurs et ce jour-là, nous l’étions sans conteste.
CR de Fabien
* Pef a d’ailleurs développé une technique qui consiste à envoyer Dorothée me demander ce qu’il veut pour ne pas subir de refus !!
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