PARTICIPANTS : Cathy & Jean-Jacques Rosier (S.C.V. & S.C.S.)., Bruno Moiret, Jean-Jacques Humbert, Philippe Lyardet (S.C.de la Semine)
TPST : + ou – 3h REDACTION : Philippe Lyardet
Angrières : petit hameau de St Rambert au centre d’un synclinal du plateau où courent les lapins en liberté à 10 min de voiture du Grangeon de Cathy et Jean-Jacques. C’est rural et charmant sous le soleil ! Le gouffre s’ouvre dans une pente herbeuse au pied d’un arbre sur lequel on amarre la corde d’entrée. Ensuite c’est équipé car le gouffre est en cours de désob tout au fond à -170m. Il est connu depuis très longtemps : la première référence semble dater de 1933 par la société spéléo de Lyon (Albert Perche). Revu en 1950 (Jean Corbel) et topographié en 1953 par le Clan de la Verna. Le fond est noté alors à -30 m dans la grande salle du gouffre.
Puis le Spéléo Groupe des Rhinolophes s’y intéresse en 1967 avec l’espoir d’un lien avec la résurgence de la Doua. En 1997, le Spéléo Club de Villeurbanne reprend l’explo en faisant sauter l’étroiture d’où vient le courant d’air en hiver. La suite est une série de petits puits qui s’enchainent reliés par de courts méandres étroits qu’il faut agrandir à chaque fois. En 2015, à -55 m, des membres du GSHL et du GUS viennent en renfort pour la suite de l’explo jusqu’à -120 m. Les séances de désob se sont multipliées. C’est d’ailleurs là, dans une nouvelle petite salle, que la plupart de mes compagnons vont commencer à remonter. Depuis quelques puits, on suit un mince filet d’eau que les collègues de Villeurbanne récupèrent dans des seaux.
Avec JJR, on s’enfile dans un long méandre étroit et sinueux qui porte les stigmates des pailles qui se sont succédées pour laisser le passage. Juste avant un nouveau puits (P7) on passe dans le « tunnel du pénitencier », objet de la désob de 2017. Le méandre devient haut et largement encombré d’éboulis. On progresse en haut, en bas. C’est presque labyrinthique jusqu’à une belle salle d’effondrement sur deux niveaux. La désob continue au fond, dans la suite du méandre qui est de plus en plus serré jusqu’à être rendu impénétrable par les coulées de calcite. On voit les outils et la ligne de tir dans une petite niche sablonneuse (La Plage, suggère JJR).
Ils en sont donc là (plus bas que les -163 m de la fin de topo) et je peux dire que finalement j’aime autant aller au fond de la Félicité pour faire de la désob. Ils n’ont pas la chance eux de pouvoir se rouler dans la boue ! !
L’espoir et la motivation pour ces désobeurs du SCV est de rejoindre le réseau hydrologique de la Résurgence de la Doua. Celle-ci s’ouvre dans la vallée de l’Albarine à Torcieu en prolongement du synclinal d’Angrières. De nombreux effondrement et mouvements de terrain dans celui-ci laisse supposer un réseau hydrogéologique important. Le fond de la Doua est à 290 m ; celui du Gouffre d’Angrières est à 460 m, il reste donc 170 m environ. La distance entre les deux fonds est de 1620 m. Cela ferait une belle traversée. Merci à JJR pour son dossier très documenté plein de références.
Au moment de remonter, je m’aperçois que j’ai perdu mon pantin. Ce CR rendu sera donc une dédicace, un message d’amour à cet objet vital qui m’aura tant manqué dans les puits.
On se retrouve pour boire la bière traditionnelle au grangeon, mais on tombe dans un véritable guet-apens culinaire servi en terrasse avec vue sur la vallée et ses coteaux autrefois viticoles. Les alcools qui accompagnent les plats sont de plus en plus forts et avec le fromage (un crémeux « Délices de Bourgogne) on en est à la Sapinette de Roland (le proprio du champ où s’ouvre le gouffre que nous n’avons pas eu la chance de rencontrer).
Avant de reprendre la route, on m’impose une petite balade digestive avec tentatives improbables de slackline au fond du terrain puis visite de murgés et grangeons plus ou moins délabrés.
On traversera le plateau sous un beau soleil couchant qui rougeoie les forêts d’automne. Superbe conclusion à une belle journée entre spéléos.
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