Canyon du Ruzand – 19-08-2018

Dans les épisodes précédents, c’était « Fabien prépare son initiateur ». Cette fois, nous passons un cran supérieur, c’est « Fabien prépare son monitorat ». Et … c’est pas trop mal parti !

Nous démarrons de Pont-en-Royans, WE Vercors avec les Arêtes du Gerbier la veille (voir CR). Grosse balade, que certains qualifieraient de vertige, mais pour des grimpeurs, ça reste de la balade.
Ce dimanche, c’est plus sérieux, le terme de vertige est plus adapté. Au côté de ses frères Moulin Marquis, Ruisant, ou Versoud supérieur, le Ruzand nous amène à domestiquer les grandes verticales de ce massif avec ses 150 m en fil d’araignée.

Date : 19 août 2018
Avec : Fabien, Caribou, Cécile, Sylvain Chapellut, P’tit Nico, P’tite Flo, Axel et Jack
Où : vous l’avez compris,

le Ruzand

 

Depuis le temps que Fabien me titillait pour le refaire, nous y voilà ! Bon, bien que je sois le seul du groupe à l’avoir descendu (la dernière fois c’était en 2003), avec ma mémoire de poisson rouge, j’ai perdu mes repères pour retrouver le départ. Heureusement, les nouvelles technologies, et surtout notre expert p’tit Nico sont là pour nous guider.
Sans surprise, le débit est faible, quelques litres à la seconde. Les premières cascades se dévalent sans difficulté, mais, pour la suite ….

 

Y aurait-il de l’appréhension dans le regard de certains d’entre nous ?

Mais où est-ce qu’ils m’ont encore embarquée ?

 

 

 

Nous arrivons au moment crucial et tant attendu ; la C10 qui précède la C150. Impatients, Caribou et Fabien se mettent allègrement en avant pour équiper.
Certains relais intermédiaires ont changé de place. Il fallait s’en douter, donc il faut les chercher. La vidéo ci-jointe nous montre un record d’irréprochabilité. C’est clair, les points sont beaucoup plus nombreux qu’il y a 15 ans. Lequel choisir ? Fabien, descendu le premier, se concentre pour trouver le plus adapté. Caribou le suit. J’arriverai le dernier au sommet de la C150 et mes contorsions ne suffiront évidemment pas pour voir les relais inférieurs.
Mais je suis sûr que mes quelques explications suffiront pour les guider ? Ils sont bons nos nouveaux initiateurs !

 

 

Je vous raconte ma vie, mis ça me rappelle la toute première fois que j’ai descendu une telle verticale, c’était justement celle-ci, et je dois avouer que, sans expérience à l’époque (il y a plus de 20 ans), je ne brillais pas. Aujourd’hui, une sinécure, surtout avec Fabien et Caribou.
Ça y est, c’est parti, les premiers descendent. Aïe, il y a des frottements, et la paroi n’est pas assez arrosée. Il faut vite trouver une solution. Débrayable bien sûr, mais ça suffit pas. Je vois en contre-bas un amarrage solitaire. La voilà la solution, une belle dèv que nos amis futurs moniteurs, trop concentrés à chercher le relais, n’ont pas remarquée.
Nous passons sur le fameux plan incliné à mi-hauteur de la falaise. Habituellement, nous mangeons ici, pour le plaisir des yeux. Le ciel est radieux, ni chaud, ni froid, la vue est splendide. St Marcellin, rive droite de l’Isère, se dévoile juste devant nous et notre regard peut porter à plusieurs dizaines de km à vol d’oiseau côté ouest du massif. Un régal. Je remarque que l’arbuste qui, autrefois, faisait office de relais sur ce pan, a bien mauvaise mine aujourd’hui. Nous mangerons en bas de la C150 car Fabien, pendu à son relais et arrosé par intermittence au bon vouloir des rafales de vent, n’a pas vraiment envie de s’éterniser.
Au milieu de la C80, je repense subitement à la dernière fois que je l’ai descendu, le canyon était archi sec, pas la moindre goutte d’eau, le silence absolu, pas même le chant d’un oiseau pour nous saluer. Le silence dans le canyon m’avait marqué. Avec l’écho, on s’entendait aisément parler entre le haut et le bas des cascades. Ça c’était le côté amusant, le côté angoissant ; pas d’eau pour mouiller les cordes et le souci dans un rappel assez haut comme celui-ci, c’est la température du descendeur qui monte vite, très vite ! A mi-chemin, faut pas s’arrêter, surtout pas ! Même pour admirer le paysage, car le descendeur est très chaud, et même si le nylon possède une relative résistance, on a toujours l’impression que le descendeur se met en mode « dépêche-toi, ça sent le cramé par ici » si vous voyez ce que je veux dire.

La C80 vue d’en haut

La C80 vue d’en bas

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Aujourd’hui, elle se descend avec volupté, plus cool. Sans revenir sur la dèv, bien pratique mais omise par nos futurs moniteurs, les relais sont nickels, bien arrosés en fonction du vent, pas des plus confortables, surtout pour eux, mais nickels pour les équipiers. Le seul bémol pour nos équipeurs est que nous sommes nombreux. Sous la douche, ils doivent faire preuve de patience, et à 80 m de haut plein vide, ils savent se montrer autant vigilants que joyeux.

En bas de la C150, je ressens toujours la même sensation en fixant le haut de cette falaise, sensation d’être englouti par une sorte de monstre Chimère qui provoque un effet envoutant et constricteur, le sphinx du Ruzand. Nous ne sommes que des fourmis face à lui.
Malgré sa vue moins spectaculaire, la seconde C80 est aussi impressionnante que la première.
Les cascades suivantes s’enchainent, beaucoup moins hautes et moins exaltantes que les précédentes. Chacun est autonome et peut équiper au gré de sa position et du contenu de son kit. En bas d’une C5, j’aperçois Axel danser en sautant d’un coté à l’autre de la paroi. Le canyon n’est pas très large, 3 m tout au plus. Peut-être un moyen pour lui de se réchauffer ? En fait, il est bombardé de tous les côtés par des parpaings capables d’exploser son casque. Sans doute un quadrupède, 50 m plus haut, animé par la curiosité, lui montre sa façon un peu particulière de le saluer. Dès qu’il me voit (Axel, pas le quadrupède), il décampe à toute allure me laissant à mon destin.

Ça aurait pu être une belle journée si on n’avait pas eu la mauvaise surprise, en arrivant à la voiture, de voir la vitre fracturée et le contenu du coffre vidé. Nous retrouvons certaines réalités de la nature humaine. Dommage.
Beaucoup plus tard, sur l’autoroute, plongé dans mes rêveries et ma colère de la voiture vandalisée, mon regard scrute la falaise pour saluer une dernière fois le sphinx et le remercier de nous avoir apporter ces sensations ineffables.

 

TPDC : 6h

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