CR Sortie Gouffre du Mont Ratey
(ou comment ressortir vite et propre d’une cavité bonus)
Stage Perf – CDS69 – Montrond le Chateau – Doubs
20 Mars 2016
Participants :
Julien et Kévin, encadrés par Carx
Samedi soir, on nous annonce le choix de la cavité pour Kévin et Julien. Un trou inédit dans le cadre du stage perf CDS69, car Kévin et Julien ont déja bossé dans les autres trous intéressants du secteur cette année ou l’année précédente.
« Rassurez-vous les gars, nous n’avons pas les topos !« , nous rajoute délicatement Hélène.
Heureusement, Hélène ressort du fin fond de son ordi une fiche d’équipement informatisée (à peu près complète). Nous la consultons donc sur l’ordi et nous photographions toutes les données. Carx a déja fait le trou en hiver et en été, on est chaud pour tenter le fond à -238m. On se concerte, on met en place la stratégie la plus adéquate pour cette mission à première vue abordable.
Dimanche matin, on est tous à fond ! Enfin… Kévin et Julien sont à fond dans la préparation de la sortie, alors que Carx est au fond de son duvet… Il traine depuis plusieurs jours une vieille toux sèche. Malgré tout, il se lève et nous arrivons à nous extraire du gîte vers 8h15.
Direction Arc-sous-Cicon (ça doit peser lourd !), 40 min de route en direction de Pontarlier. Kévin prend l’appareil photo pour copiloter avec la photo du descriptif d’accès à la cavité. A Arc-sous-Cicon, suivre la Poste, la pépinière, le bouton Supprimer, la piste…
Comment ça le bouton Supprimer?? s’écrit Julien
Euuuh? C’est quoi cet appareil photo? s’interroge Kévin
T’as validé?
Pff c’est quoi ce gadget ??
Bref, on se retrouve sans le descriptif d’accès à la cavité…
On continue la piste. 3200 mètres, sans savoir à partir d’où exactement (a priori, depuis la Poste). Oh, une plaque de neige. Tranquille, ça passe avec les pneus neige.
Ohh, une seconde plaque de neige… des ornières… humm ça frotte sous la voiture… euuuh pourquoi ça dérape??
Bon, cette fois, ça sent l’bouzin… on est tanqué avec une roue dans le bas côté, une partie du pare-choc collé à la roue…
Heureusement, la neige est encore gelée, on ressort facilement (c’est cette glace qui a fait bougé le pare-choc donc a entraîné la glissade).
Quelques centaines de mètres plus loin, ce ne sont plus des plaques de neige sur le goudron, mais plutôt des plaques de goudrons sous la neige… On s’arrête sagement sur un parking (ensoleillé!).
Et là, un miracle se produit !! Une pancarte « Puits Mourate » (l’autre nom de la cavité), apposée sur un poteau. Et Carx qui fait des bonds en l’air : « C’est là je m’en souviens !! Je reconnais !! Un petit sentier qui descend dans la sapinière, la combe, la perte!! Ahh c’est bon ça !! »
Tout content, on s’équipe pour notre mission. 4 kits de cordes, la bouffe, un peu d’eau, l’appareil photo pour la topo, le papier où nous avons noté l’enchaînement des puits et les cordes prévues pour. Pendant que Kévin et Julien finalisent, Carx part à la recherche de l’entrée, toute proche. 15 minutes plus tard, il revient un peu moins confiant… « Y avait pas de neige la dernière fois…« .
Et là, c’est le 2ème miracle du jour !! Un 4×4 passe sur la piste ! (sans doute le seul de la journée…). On lui demande l’accès au Gouffre. « Bon je connais pas trop, mais bon, c’est là, juste là, 50 mètres peut-être, à droite ou à gauche, je sais pas trop ! »
On va plutôt se fier aux souvenirs de Carx et un peu à notre logique. Le trou est une perte, on va chercher un point bas qui draine un fond de vallon… Hop, une petite trace dans la forêt, ça descend, un vallon, un « Yabon!! » de Carx, un ruisseau et un panneau…
Bon… Ca coule un peu dans le vallon, une cascade se jette dans la cavité, il y a 15-20 cm de neige, la météo est prévue pour être ensoleillée et douce…
Julien et Kévin se jaugent du regard. Après tout, il n’est que 10h, la combe ne verra vraiment le soleil qu’en début d’après midi. Aller, on y va !
Julien prend le 1er kit et équipe les premières vires d’accès. Carx et Kévin suivent avec respectivement 1 et 2 kits. L’ambiance : des rondins, de la boue et des grillages pour maintenir les cailloux et les os et éviter qu’ils ne recomblent la perte. Et l’eau qui s’écoule. Rapidement, le 1er puits. Etroit, humide, bruyant, humide (oups, je l’ai déja dis). Julien descend et se fait rincer par la cascade (estimation à 4-5 litres/seconde)
Kééévinnn, pooooze uuuunneeeuuh déééévv hooooors crruuuuue
QUUUOOIIIIIIIIII?
Dééééééééééééééééév !!!
Okkayyyyyyy
Kévin pose donc une dév sur un micro-béquet, qui n’a attendu que 10 secondes pour sauter… On se retrouve sur le palier, à l’écart des embruns mais déjà trempés. Puits suivant, un P12 avec un départ confort au sec, assis sur un vieux gour. Mais 3 mètres dessous, la cascade qui gicle. Julien pose une dév bienfaitrice (sur un spit cette fois, elle tiendra). Et ça enchaîne encore, et on s’entend toujours pas. Les spits suivants (R4) sont installés sous un filet d’eau continu, on ne traîne pas.
La base de ce ressaut est composée d’eau, de cailloux et d’os de belle taille. Tout s’évacue dans un méandre de 40cm de large sur 60cm de haut… Après 2 mètres de long, virage à 90° sur la gauche, puis 2 mètres de long et tête de P5. Julien s’engage, regarde, et reviens voir Kévin et Carx :
Bon, c’est la misère ce truc, ça doit être la Césarienne annoncée sur la topo.
Et? Ca passe?
Baaaah… oui… mais bon… il est 10h45, pas 15h45…
Ouai pas faux. Réflexion Jean-Pierre?
Tout à fait Thierry !
La réflexion est courte : si on veut remonter, il ne faut pas passer l’après-midi dans la cavité. On abandonne donc l’objectif du fond pour viser la base des puits à -160m (censée être en zone fossile…).
Chouette, un kit en moins !
Et c’est reparti !
Cette fois c’est Kévin qui passe à l’équipement. Après le méandre pataugeant, le P5 avec une belle margelle pour s’asseoir et une équipement relativement hors crue (mais pas hors embruns). En bas, l’eau part dans un méandre sur la gauche. Sur la droite, une faille désobstruée (en fait c’est l’ex-Césarienne!) débouche sur de nouveaux puits alimentés par un affluent délivrant le double d’eau que l’actif précédent (estimation à 7-8 litres/seconde).
Kévin équipe et descend quelques mètres, juste pour faire un noeud de plus et se donner bonne conscience. Car la décision est déja prise : vu le débit actuel, la cascade issue de la fonte de l’après-midi sera bien plus compliquée à franchir au retour.
La suite est facilement imaginable : on remonte!! Julien déséquipe l’équipement de Kévin, Kévin déséquipe l’équipement de Julien, le tout sous les embruns et la pluie sous chaque puits.
A 12h, on est à la voiture ! Trempés et bien refroidis. C’est bien la première fois qu’on ressort avec une combi propre comme neuve !
A 13h, on est au gîte, sous les regards héberlués de Doudou et Anaïs.
TPSC (temps passé sour les cascades) : 2h
TPST (temps passé sur la terrasse du gîte) : 3h
CR Julien et Kévin
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