Samedi 6 février 2016, 14 heures. Structure artificielle de Jonage
Participants :
SCV : Manon, Olivier, Pefe, Jack
CPEA : Léa, Michel, Flo, Manue
Début 2016 est née la section escalade au sein du SCV. Un budget est voté, a suivi l’investissement du matériel. Grâce à la mairie de Villeurbanne, le SCV bénéficie d’un créneau horaire pour les entrainements au gymnase des Brosses.
Plusieurs personnes du SCV (Pierre-François (Pefe), Axel, Olivier, Manon ou Jack par exemple) s’y entrainent régulièrement. Certains d’entre eux, pour le plaisir, se lancent dans le jeu de la compétition, coupe du Rhône, selon leur catégorie.
Aller Manon, aller Jack, on y croit !
Ils sont là que pour le plaisir. Un peu plus l’esprit de compèt pour Manon, normal, elle est plus jeune, mais c’est avant tout pour l’ambiance et leurs potes rencontrés à cette occasion.
Olivier, Michel et Léa (classée en régionales) sont là en spectateurs, pour le moral de la troupe. Manue s’est laissée entrainer pour un poste de jury.
– Un jury parmi nous, excellent çà !
Jack a essayé, mais Manue est incorruptible (ou trop chère). Dommage…
Pefe, en catégorie Senior, n’est pas au sommet de sa forme, lui qui titille allègrement le 7a habituellement, nous fera une maigre prestation. Bah, l’essentiel est de participer !
Pour Flo, c’est sa première compèt, elle angoisse à mort. D’un très bon niveau, elle passe partout mais le trouillomètre est dans le rouge quand elle monte en tête. Et ça se voit. Elle promet de s’entrainer à grimper en tête pour la prochaine compèt.
Jack et Manon, membres CPEA (club FFME) avant de l’être au SCV, viennent se mesurer pour le fun. « On verra bien ». Enfin, c’est ce qu’ils disent !
– C’est évident, je suis bien meilleure que toi !, rétorque Manon, en catégorie minime, face à Jack, en catégorie Maitre. Ils adorent se provoquer.
Chez les Maitres, contrairement aux autres catégories, aucune pression. Les compétiteurs, en toute simplicité et modestie, se conseillent, se congratulent, s’encouragent. Aucune pression ? C’est peut-être un peu vite dit !
Les voies sont tracées, les compétiteurs sont échauffés, attention là, ça rigole plus, équipés, baudrier, chaussons, Strappal aux doigts, magnésie accrochée dans le dos, ils attendent patiemment leur tour en observant attentivement les autres.
– Manon, Jack, c’est votre tour !
Chacun sur sa voie. Ils enfilent leur ballerines, tricotent leur nœud de 8 au pontet suivi du ½ pêcheur réglementaires et s’approchent du mur.
A cet instant précis, le palpitant se met en route. Le diesel est chaud, la tension monte. C’est le moment de montrer ce dont ils sont capables, ce qu’ils ont dans les tripes, le moment de vérité.
Pour Jack, qui a un handicap par rapport à Manon, le poids, l’hyperventilation s’enclenche. Bien qu’il n’y ait que 12 mètres à grimper, elle est nécessaire pour tenir en endurance et alimenter les muscles en oxygène. C’est maintenant qu’il faut tout donner, mais attention, ne pas rater le 1er pas ! Le fameux faux départ …
Ici, on n’est pas en athlétisme, on a pas droit au second départ. Le faux pas est rédhibitoire. Ça arrive quelquefois ce genre de chose ! Le candidat se présente face à sa voie, il est prêt. Il a mémorisé le 1er mouvement. Concentré, comme si sa vie en dépendait. Il prend sa 1ère prise de la main, pose son 1er pied et au moment de s’élancer, le 2ème pied dérape malencontreusement et retombe. En compétition, c’est fatal, éliminatoire, ça ne pardonne pas. Le candidat, consterné, déconfit, regarde le jury hocher la tête horizontalement avec désolation.
Ce n’est pas rare, et c’est déjà arrivé aux meilleurs. Ce faux départ est la bête noire. C’est d’ailleurs arrivé au n°1, catégorie séniors, en finale. Le jury l’a autorisé à reprendre la voie pour la beauté du geste. The number one de la compétition, toutes catégories confondues. Tous sont restés pour le voir, lui, et il rate son départ ! Il fera quand même la voie, en toute beauté. De la puissance, tout le monde a les yeux rivés sur lui, certainement une voie en 7c, peut-être même un 8a, avec un lancer au milieu suivi d’un 360. De l’endurance, de la souplesse. Il se fera plaisir, mais il ne sera pas classé, car faux départ.
En général, les voies sont plutôt bien cotées, mais la difficulté réside souvent dans un passage délicat, LE passage. Contorsion, lancer, prise fuyante ou trop petite, 2 doigts, prise inversée ou éloignée. Faut-il jeter ? C’est risqué, et on ne s’y attend pas, évidemment. Il faut savoir appréhender LA difficulté.
Il y aurait bien une astuce, mais où ? Le candidat a très peu de temps pour la trouver car le chrono tourne, et surtout les membres s’épuisent vite, très vite. Au bout de 30 secondes, le cerveau veut encore, aimerait bien, mais les bras ne peuvent plus. C’est intense, crispant, énervant même. S’il n’arrive pas à « lire » la voie du 1er coup, l’échec risque d’être cuisant. Aura-t-il la force de redescendre quelques centimètres, et refaire le geste autrement ? C’est peu probable et ça compromet ses chances de finir la longueur : la désescalade, c’est mortel.
La première longueur estimée à 5sup est avalée sans difficulté, la deuxième 6a+ est déjà plus délicate. En moulinette, évidemment, c’est du gâteau, mais en tête, à vue, et en dévers, c’est autre chose. L’hyperventilation préconisée par son copain Hervé (club Lycoses de Champagne au Mont D’Or) passé juste avant lui va l’aider. Jack ne réfléchit pas et fonce. Aucun arrêt. Lecture directe. La voie est enchainée jusqu’en haut. Miracle ou entrainement ? Jack est plutôt fier. 2 voies enchainées, il reste la troisième, et là, c’est pas de la tarte. Démarrage en 6b pour finir en 6c. Jack n’a jamais enchainé du 6b ou 6c en tête à vue. Et avec 3 % de dévers s’il vous plait. Il a également remarqué la 2ème prise main droite, fuyante. Elle est inaccessible du sol, il n’a donc pas le droit de la tester avant de s’engager sur la voie. Misère !
Jack s’élance. Le 1er pas est bon. Ses mains sont enduites de magnésie, il a prévu le coup en voyant cette 2ème prise. Bon sang, elle tient. Il ne s’attarde pas, il enchaine. Penses à respirer ! Hyperventilation !
Stress. La ligne bleue, les 3 mètres sont passés. Il tient. Le deuxième passage difficile arrive. Mince ! Il aurait dû tenir main droite pour mettre sa dégaine main gauche. Aïe, sa lecture n’est pas top ! Il doit alors stationner main gauche et dégainer avec un croisé main droite car la corde et la dégaine sont derrière son bras gauche. Pas le choix, il faut croiser ! La main droite passe sous l’épaule gauche, attrape la corde, la ramène face à lui pour mousquetonner au-dessus et derrière sa main gauche. Manue et Pefe l’observent. Comment il a fait ? Il est passé ! Il est à la moitié de la voie et il enchaine. On l’entend souffler comme un marathonien.
Malheureusement, il a bouffé de l’énergie et arrive dans le 6c. Il lui reste 3 prises à enchainer et c’est fini. Le bras gauche tient mais le droit tremble. C’est une prise 2 doigts et la suivante est fuyante. Jack tente un jeté de la main droite. Il tombe à 3 prises de la fin. Vidé.
Dans la catégorie Maitre, 2 candidats feront mieux que Jack. Il est donc 3ème et qualifié pour la finale. Un exploit!
La finale est très dure, démarrage en 6c pour enchainer le toit en 7a. Jack fera la partie 6c sans pouvoir s’expliquer comment, et chutera. Impossible de rivaliser avec les 2 premiers, bien meilleurs que lui.
Manon, elle aussi, commence plutôt bien la compétition avec l’enchaînement de la première voie, du 5b selon elle, tout au plus, facile. Pour la deuxième voie, ça se complique. Les comptes rendus des compétiteurs précédents sont peu rassurants. Dès le démarrage, elle se rend compte que les prises n’accrochent pas vraiment. Galère. Coup de stress. Aller Manon, on y croit, ça peut le faire !
Notre jeune compétitrice arrive au passage délicat. Tout en douceur, normalement, ça passe. Aller Manon, tu nous mets la dégaine et tu la tiens cette prise. Aïe aïe aïe ! Mauvaise main. Tout se complique. Comment faire ? Tenter de changer de main ? C’est un bi-doigt ! Trop risqué ! Bon, plus le choix, il faut lancer, mais en croisant. Dure ! Ça passe, ou ça casse. Suspense.
Déception, ça casse ! Manon redescend en colère, va falloir qu’elle travaille les bi-doigts ! Mais rien n’est perdu, il reste la troisième voie.
Toujours pleine d’espoir, Manon se lance dans cette troisième voie. Elle veut y croire. Ses concurrentes lui rapportent que cette voie est plus facile que la précédente. Elle a encore toutes ses chances ! Elle veut la qualif.
Souplesse, contorsion. Arrivée au passage redouté, elle serre les dents, et la prise aussi bien sûr ! Yes, ça passe ! Elle se trouve elle aussi à trois prises du sommet. Dernier mouv’ décisif. Tout dépend de ce dernier mouvement, finale ou pas finale ?
Les bras sont tétanisés, la fin est proche, elle le sait: Elle a beau y croire, serrer les prises, se dire que tout est dans la tête, non, ça ne passera pas. Dernier sursaut, elle n’a plus rien à perdre, elle tente un lancer sur ce mouvement, espoir de faire des points. C’est la chute ! A trois prises de la fin, dans un 6b/6c, c’est une belle victoire personnelle. Il faut attendre les résultats…
Génial, elle se retrouve troisième exæquo, elle est en finale !
La voie de finale lui paraît abominable mais pas impossible. Les gainages seront nécessaires. Ouais, mais c’est pas son point fort. Le départ se passe plutôt bien. Arrive l’endroit qu’elle redoutait. Dans sa lecture, Manon pensait franchir le passage par la droite, mais en tâtant la prise de droite, valait peut-être mieux passer par la gauche. Pas top tout ça ! Elle engage, m@grchiùù et chute.
Mais c’est pas si mal, Manon conserve sa troisième place dans sa catégorie grâce à son changement de plan de dernière minute.
Bravo Manon
CR de Manon et Jack
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