ou « Mémoires d’un poisson rouge »
Participants : Benoit, Chloé, Eloïse, Maël, Maxime, Olivier, Salomé
TPST: 4h
L’équipe de la veille ayant fait la traversée Despeysse – St Marcel, devoir à nous aujourd’hui d’enlever l’équipement installé par leurs soins : mission courte pour descendre en bas des puits et remonter les cordes. On attend toujours les bières d’ailleurs…
En arrivant sur le plateau, au moment de tourner à gauche à la citerne, j’ai cette sensation étrange, un mélange de déjà-vu, de déjà-passé… une sorte de “tiens ça me rappelle quelque chose…”: ces chênes verts et autres éléments végétaux rayant la carrosserie, les ornières, la bifurcation à droite, la cotation 3b du chemin terminal…et pour cause : je réalise que… j’ai déjà fait Despeysse il y a six mois lors du stage perf !
Note à moi-même N°1 : arrêter de faire des cavités dans un état de semi-conscience ou commencer un fichier Excel de “grottes déjà faites (ou pas)” ou acheter un agenda, voire un cerveau, si budget.
Equipement vivifiant sous un timide soleil, puis marche héroïque de six bonnes secondes jusqu’à la trappe. Toujours ce souffle chaud et sonore qui s’en échappe : impressionnant, inquiétant, un peu mythologique

Au fur et à mesure de la descente, je me souviens des puits, configurations, toboggans bien concrétionnés, gours, ramping mouillant jusqu’au dernier rappel qui se termine par un pendule avant le bas pour atteindre une galerie transverse.



Note à moi-même N°2: éviter de se boiter à vélo la semaine précédant ce genre de contorsions; ma côte douloureuse limite mes mouvements et me rappelle que le vélo est finalement une activité bien plus dangereuse que la spéléo
Éloïse, pour sa 1ère vraie sortie après sa balade étrangement boueuse d’hier, semble enchainer les cordes sans trop de difficultés sous le regard éclairé de Chloé. Pendant ce temps avec Maël, nous discutons des choix d’équipement de l’autre équipe et déplaçons même une déviation pour optimiser le trajet de corde (et mieux ressembler à ce que j’avais vu la 1ère fois… mais je suis sympa, je ne la compte pas en bière celle-ci !).


Je reconnais la galerie méandriforme du bas dans laquelle nous avions mangé avant de faire demi-tour; et, comme je suis un être de grande cohérence, je me dis qu’il serait bien dommage de refaire exactement le même parcours cette fois-ci. Alors, dans un élan de grande lucidité spéléologique, je décide de faire 10 mètres de plus dans le méandre. Juste de quoi pouvoir prétendre que « non non, ce n’est pas la même sortie, pas du tout ».
Note à moi-même N°3 : la mauvaise foi est un moteur puissant.

Maxime souhaite déséquiper le pendule que j’avais pris en charge la dernière fois : c’est ludique et permet d’éviter trop de perte de temps (l’horloge tourne si on veut maintenir l’heure de sortie prévue). Benoit prend le relai pour le puits suivant avant que je ne prenne la main pour la fin après la vasque. Les tractions s’enchainent dans la douleur, le kit se remplit, je galère à défaire les nœuds de dyneema qui ont vu un bon troupeau déjà passer dessus, peine à enlever les mousquetons qui ont été vissés sous tension (tiens, ça fait 1 bière de plus pour l’équipe du samedi ça, hein !), à dévisser les plaquettes avec des amplitudes de bras limitées, bref à déséquiper en mode handicap.
Sur les 3 kits de cordes initiaux de la veille, il n’en reste que 2 à disposition pour entasser les >150 m de corde s: et paf, 1 bière de plus pour l’équipe 1 😉 La remontée, avec ce kit, devient un exercice spirituel : chaque crollage est une micro-négociation avec soi-même.
Echange avec Maxime pour le P22 dont la tête de puits assez acrobatique ne m’inspire guère, surtout avec un objet dont la masse doit probablement se mesurer en multiples d’enclumes.
Je terminerai la dernière volée pour la gloire en retirant le dernier mousqueton sur la trappe et enlevant le cabestan sur l’arbre en guise d’amarrage naturel. Mais pourquoi on fait ça… comment on a pu tous accepter de descendre là juste pour le plaisir de remonter ce matos, et d’en chier autant, volontairement ?!
1/2h après les 1ers (Eloïse ayant masterisé la remontée sur corde avec une simple pédale, sans pantin), installés à bord de falaise, avec une vue splendide sur la vallée, la récompense arrive vite avec le pique-nique, le vent nous rappelant subtilement qu’on reste de simples animaux contents de grignoter dehors (et qu’il fait frais).

Note à moi-même N°4 : un calin, un casse-croûte avec vue pardonne quasiment tout, même un kit de 80 kilos (poids estimé objectivement par mon épaule en PLS).
Finalement, Despeysse, c’est toujours une bonne idée. Même quand on ne s’en souvient pas.
Olivier
* Crédit photos: Benoit, Eloïse, Salomé
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